La vocation de Samuel

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La vocation de Samuel

1 Samuel 3, 1-21

A Silo, en terre cananéenne, les journées sont très chaudes. Seule l’ombre de quelques palmier et dattiers permet de se protéger des rayons du soleil. Aux heures les plus chaudes du jours, rares sont ceux qui s’aventurent au dehors. Nous préférons nous terrer dans nos maisons de briques, là où la fraicheur permet le repos. Néanmoins, quelques bravent voyageurs osent gravir les marches qui mène là-haut, sur la colline. Protéger par un foulard sur la tête, ils montent les marches qui conduisent au sanctuaire. Lorsqu’ils arrivent en haut, les portes leur sont grandes ouvertes. Ainsi, pèlerins, visiteurs, marchands se rendent sur l’esplanade du temple, en vue d’offrir au Dieu Yahwé un sacrifice ou lui adresser une prière. 

Ma mère, qui s’appelle Anne, elle aussi, est venue rendre un sacrifice après ma naissance ici même, car Dieu a exaucé son vœu le plus cher. Elle n’arrivait pas à avoir d’enfants. Puis, après des longues années de prière, de tristesse, je suis arrivé, moi le petit Samuel. D’ailleurs, mon prénom raconte mon histoire. Il veut dire : prêter de Dieu. Alors, lorsque ma mère est montée ici avec moi après ma naissance, elle a décidé que je deviendrais serviteur de l’Eternel, et c’est ici, parmi les statues et les feux des sacrifices que j’ai grandi, dans ce temple de Silo. Ma mère m’a confié à un prêtre, du nom d’Elie. Il devient vieux et ses yeux ne voient plus bien. Il a vécu toute sa vie ici et m’a appris les rouages du métier de gardien du temple. Ouvrir les portes, allumer la lampe de Dieu, accueillir les pèlerins et les visiteurs. Participer aux cérémonies et aux cultes. Il n’y avait qu’une seule question à laquelle il ne m’avait jamais répondu. Dieu, à qui nous rendons tant de sacrifices, à qui nous nous adressons tellement, pourquoi ne nous répond-il jamais ? Pourquoi Dieu ne parle pas ?

Mon histoire commence cet après-midi-là, dans les rues de Silo. Je n’ai que 9 ans, et l’après-midi, je m’installe à côtés des grandes portes et regarde ces gens qui gravissent la colline. Lorsqu’ils arrivent en haut, je leur offre à boire et leur souhaite la bienvenue. 

Mais cet après-midi-là, il n’y eut personne. Je scrutais l’horizon à la recherche d’une ombre, d’un bruit, mais rien à faire, personne ne venait. Le vieux prêtre Elie était resté cacher dans sa chambre toute la journée, et moi, je me sentais seul. Même, je m’ennuyais. Les cailloux avec lesquels je m’amusais parfois me paraissaient tristes, les statues du temple avaient toujours la même forme et ne bougeait pas. Le soleil devint de plus en plus rouge, jusqu’à ce qu’il disparaisse là-bas, à l’orient, pour donner de la lumière à une autre partie du monde.

La fraîcheur du soir atteignait les sommets des pans arides qui m’entouraient. Tout était si calme et silencieux. Au loin, on distinguait les lumières de la ville, dont les ombres se reflétaient sur la montagne, telles des géants en pleine danse. Les premières étoiles passaient la voute céleste. Pas un bruit autour de moi, seulement une légère brise qui sifflaient dans mes oreilles.

Je me dirigeais vers les portes du temple et, comme je l’avais appris, je les fit coulisser. Dans un bruit sourd, elles se fermèrent, me plongeant ainsi dans l’obscurité du temple. Heureusement, une dernière flamme brulait à côté de ce coffre immense qui renfermait les tables de la loi donnée à Moïse. C’était la lampe de Dieu, qui brulerait encore quelques heures dans la nuit avant de s’éteindre.

Je m’endormis paisiblement à côté de l’arche de Dieu.

« Samuel, Samuel ! »

Je me levais d’un bond. Quelqu’un m’avait appelé. Ou avais-je rêver ? Dans la nuit noire, la lampe de Dieu était presque éteinte et l’obscurité laissait libre court à mon imagination. J’étais pris de peur.

Je me levais et me dirigeait vers la chambre de ce vieux Elie.

« Maître, me voici puisque tu m’as appelé. » Elie sursauta. Comme il n’avait plus la vue, il ne m’avait pas vu arriver, et il dormait lui aussi. Il leva la tête, se redressa sur son lit, étonné, et me regarda.

« je ne t’a pas appelé, retourne te coucher ».

Je refis le chemin jusqu’à ma natte, frôlant les murs pour ne pas perdre l’équilibre dans le noir. Je retrouvais mon lit, me couchait. J’avais sûrement rêver, il n’y avait personne d’autre dans ce temple. Et si ce n’était pas Elie, alors c’était encore mon imagination qui m’avait joué des tours. Je fermai les yeux et me laissait bercer par le souffle qui entrait de dessous les grandes portes du temple.

« Samuel, Samuel »

Une seconde fois, une voix me réveilla, cette fois j’en était sûr, c’était Elie qui m’avait appelé. Je courrai jusqu’à sa chambre, il n’avait pas eu le temps de se rendormir.

Je ne t’ai pas appelé mon fils, retourne te coucher.

A peine avais-je franchit la porte de sa chambre que la voix résonna encore une fois : 

« Samuel, Samuel »

Plus aucun doute, cette fois, c’était Elie.

« me voici puisque tu m’as appelé », dis-je en pénétrant à nouveau dans la chambre du vieil homme.

Dans son regard, je lu qu’il avait compris ce qu’il se passait. 

Il me dit : Retourne te coucher ! Et s’il t’appelle de nouveau tu lui diras, parle, Seigneur, ton serviteur écoute.

Je retournai me coucher à ma place habituelle la tête remplie de question. Était-ce réellement le Seigneur qui s’adressait à moi ? On m’avait dit qu’il ne parlait plus à personne. Même Elie, qui avait passé sa vie dans ce temple n’avait jamais entendu sa voix. Pourquoi moi ?

La dernière fois que Dieu m’appela, je me mis à genoux, et les maintes jointes, je répondis : parle, Seigneur, ton serviteur écoute »

Musique

Le lendemain matin, je me réveillais, encore tout retourné des murmures de la nuit. Ce qui m’étonnait le plus, c’est que Dieu, malgré le fait que je ne l’avais pas cherché au bon endroit, que je ne l’avais pas reconnu, avait persisté dans son appel. C’est comme si dans mes déambulations nocturnes, il avait tout fait pour que je le trouve. Il s’était fait disponible.

Je me dirigeais vers les grandes portes, les ouvrit pour laisser entrer la lumière des premiers rayons du soleil. Au dehors, les cigales commençaient à crisser. En passant devant la lampe de Dieu, je sursautais : cette nuit, elle ne s’était pas éteinte.


Macaire Gallopin, pasteur

Johan Treichel, organiste