Comme il ne peut plus y avoir de partages philosophiques dans les cafés et restaurant de notre région, le pasteur Serge Médebielle vous propose des réflexions pour avoir de quoi discuter autour d'un verre dès que ce sera possible!

Citoyenneté et humanité

Le citoyen et l’homme sont-ils compatibles ?

On peut légitimement supposer que l’un, quel qu’il soit, ne peut prospérer qu’en sacrifiant ou refoulant l’autre.

L’homme se prévaut et tente d’imposer le droit dit naturel pour se développer naturellement et librement. L’autre, le citoyen, se fait le dépositaire d’un droit culturel, ou sociétal, qui s’applique à un groupe déterminé (national par exemple).

L’homme – l’individu – se pense en tant qu’individu quand le citoyen se pensera comme membre d’une société.

Dans l’homme, l’individu et le citoyen ont du mal à cohabiter malgré la formulation de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ».

Être citoyen dépendant d’une société et ses lois et individu dont on nous dit qu’il est né libre, c’est compliqué : individu et citoyen ne sont pas des mots qui vont toujours bien ensemble pour reprendre le refrain d’une chanson célèbre (Beatles).

Le problème de cette cohabitation est vite vu : si je donne la préséance à l’individu que je suis, je risque de sombrer dans un égoïsme naturel, privilégiant mes intérêts, mes désirs librement, sans trop rendre de comptes (Max Stirner disait : « Pour moi, il n’y a rien au-dessus de Moi » ; L’Unique et sa propriété). Derrière le sacro-saint mot de liberté peut se cacher le plus pur intérêt personnel ;

si je mets l’accent sur le citoyen en moi, il se peut – et cela arrive dans l’Histoire – que je devienne un rouage au service d’un soi-disant intérêt général auquel je dois me plier. Derrière le bon citoyen – il pense d’abord aux autres via la société - qui va à l’encontre paraît-il du pur égoïsme, se cache parfois le fantasme de tous les totalitarismes – politiques, religieux, économiques…- qui veulent vous transformer en clones-citoyens bien obéissants prêts à se sacrifier.

Ce rapport conflictuel entre individu et citoyen en nous éclate au grand jour depuis la crise sanitaire.

D’un côté, le citoyen « sociétalisé » a bien conscience que nous sommes tous embarqués dans le même bateau et donc que nous sommes responsables les uns des autres : il obéira donc aux injonctions médicalo-politiques même si elles ne sont pas toujours compréhensibles…mais eux, ces élites, en savent plus que nous…alors obéissons…

De l’autre côté, l’individu, l’homme en nous, a parfois envie de se rebeller face à ce qu’il considère comme des ordres qui empiètent sur sa liberté de circuler, de travailler, etc.  L’homme libre, entendant des mots comme quarantaine, contrôles, tests, masques, distance etc. peut avoir le sentiment qu’on tente de l’incarcérer.

D’autant plus, se répète-t-il, que ceux qui donnent les ordres ne donnent pas toujours l’air d’être très au clair sur leurs « mesures » et les intérêts qu’ils servent.

L’écueil de la liberté individuelle, on le connaît depuis l’aurore de l’humanité : c’est l’égoïsme de l’homme qui risque de devenir un loup pour l’homme.

Le danger de la citoyenneté cloisonnée, c’est que l’homme risque de devenir un radar automatique.

Espérons qu’il nous reste au moins la capacité de réfléchir ; elle ne peut que faire du bien à l’homme et au citoyen.